Pourquoi déconstruire au lieu de démolir
La définition environnementale englobe des paramètres larges, en ce qui concerne la construction, elle englobe ceux de la conception jusqu’à sa déconstruction, de la nature des matériaux utilisés et notamment de la valorisation des déchets.
Déconstruire au lieu de démolir, comme l’avait fait en son temps l’architecte Jean-Rodolphe Perronet pour la construction du Pont de la Concorde, assurant la construction en pleine tourmente révolutionnaire, il utilise pour la maçonnerie des pierres de taille provenant de la démolition de la Bastille, prise d’assaut le 14 juillet 1789. La construction sera terminée en 1791.
Si cette notion ne date d’hier, le principe de déconstruction est inscrit depuis le 15 février 2000 par le biais d’une circulaire qui oblige les maîtres d’ouvrage à prendre en compte la gestion des déchets dans les marchés de travaux dont ils sont à l’origine.
Cette circulaire a eu pour effet, ces dernières années, de rediriger la filière de démolition vers la déconstruction. La notion de démolition englobant la mise en décharge des déchets s’oriente sur celle de la valorisation des déchets, recouvrant ainsi le cycle de vie des matériaux et plus généralement le cycle de vie de l’édifice.
Par ailleurs, la circulaire du 15 février 2000 fait référence à la loi de 1992 sur le principe de la limitation du stockage des déchets réservé à partir du 1er juillet 2002, aux seuls déchets ultimes qui ne sont plus valorisables, ni par recyclage, ni par valorisation énergétique.
A travers les objectifs mandés par la circulaire, notamment par la réduction des déchets du BTP, de valoriser et de recycler ceux-ci évitant une mise en décharge systématique, en déclinant une échelle de responsabilité suivant les acteurs du secteur, cette circulaire s’inscrivant dans les objectifs définis pendant le Grenelle de l’environnement à travers le plan d’action pour l’élimination des déchets.
Reprenant l’article « Valorisation des déchets de chantiers, quelles solutions ? », le secteur du BTP génère 350 millions de tonnes de déchets par an. Les seuls chantiers du bâtiment produisent plus de 31 millions de tonnes de annuels. La démolition y contribue pour 17,3 millions de tonnes, la construction neuve pour 2,3 millions de tonnes et la réhabilitation pour 11,4 millions de tonnes.
Plusieurs types de déchets subsistent dans les déchets de chantiers, les minéraux (déchets inertes) tels que béton, briques, tuiles pour 20 millions de tonnes, les non dangereux tels que plastique, bois, pour 9 millions de tonnes, les dangereux tels que l’amiante, plomb pour 2 millions de tonnes et enfin les déchets d’emballage qui représentent près de 300.000 tonnes.
La part des déchets inertes représente 70 % du lot de démolition et correspond principalement au traitement de valorisation puisqu’il s’agit de produits naturels non pollués, béton armé ou pas, tuiles, céramiques, verre, enrobés bitumineux sans goudron, isolants minéraux,… La valorisation de ces matières passe par la qualité du tri et facilitera son recyclage.
Dans toute conception, avant restructuration et reconstruction, une étude est nécessaire afin d’inventorier, de mesurer, de confirmer les matériaux constituant l’édifice et d’axer le travail du recyclage sur le chantier vers les filières locales de recyclage, de valorisation, ou d ‘élimination.
Selon l’inventaire, la construction peut s’articuler sur une partie de la valorisation des déchets selon le principe de la déconstruction qui s’exécute en trois phases, la phase de décontamination (Plomb, amiante,…), la phase de démontage et tri des déchets non dangereux, et enfin la phase de démolition pour les déchets inertes.
L’importance du tri et ce à toutes les étapes de déconstruction s’avère être un enjeu capital pour la valorisation des déchets, la part des déchets inertes comme cité précédemment accapare les trois quart des déchets en masse, d’ou l’obligation de tri sur site, de mesure, de calibrer permettant de prendre place dans la filière d’extraction de granulats naturels dont le volume est de 400 millions de tonnes par an. Ces déchets pouvant entrer dans les granulats recyclés qui peuvent être valorisés en techniques routières.
La déconstruction puis la valorisation des déchets correspondent aux enjeux environnementaux et deviendront à terme la préconisation principale pour répondre aux normes réglementaires futures, l’enjeu de l’éco-conception, permettant de tracer le cycle de vie de chaque bâtiment, découle d’un choix de matériau, de son principe constructif anticipant une déconstruction aisée et un tri facilité. La construction doit intégrer la fin de vie du bâtiment à savoir la déconstruction et la valorisation des déchets qui en sont issus, à travers l’éco-conception.
Le Laboratoire d’études et de recherches sur les matériaux intervient pour conduire une analyse du cycle de vie d’un matériau, en amont donc de la construction, pour éclairer les choix des producteurs ou des concepteurs. Il peut intervenir pour positionner précisément certains dispositifs de renforcement (armatures, cables de précontrainte…), et bien évidemment caractériser les matériaux constitutifs d’une structure promise à la destruction, ce qui permet l’organisation de la déconstruction. Enfin il peut intervenir auprès de propriétaires de gisements de déchets pour les aider à trouver des voies de valorisation dans le domaine du BTP.
Très intéressant comme article, le secteur du BTP, notamment doit être bien plus sensibilisé aux enjeux de la déconstruction !