La vulnérabilité énergétique est directement liée à la surface
Le chauffage et la surface sont aussi facteurs de risque de vulnérabilité énergétique. Après avoir axée la vulnérabilité énergétique sur la périurbanisation, c’est l’autre constat du rapport du CGEDD. Toujours dans le rapport du CGEDD sur la « vulnérabilité énergétique », qui montre également que 700 000 ménages vulnérables à la fois pour le logement et pour le carburant, confirmant ainsi les chiffres publiés par l’Insee…
En effet, la mise au point sur la vulnérabilité énergétique du CGDD explique aussi que la surface et le mode du chauffage du logement jouent fortement sur le risque de vulnérabilité…
Pour 2,6 % des ménages français, la consommation d’énergie contrainte est très élevée tant pour le logement que pour les déplacements. Les moins de 30 ans sont les plus exposés à cette situation : c’est le cas de 7,8 % d’entre eux, contre 1,2 % pour les 60 ans ou plus. Le taux de ménages vulnérables à la fois pour le logement et les déplacements varie aussi nettement avec la catégorie socioprofessionnelle des ménages : il est de 11,6 % pour les agriculteurs et de 9,8 % pour les chômeurs et inactifs, mais de seulement 0,9 % pour les cadres et professions intellectuelles supérieures.
Le rapport fait mention qu’en France métropolitaine, la proportion de ménages vulnérables pour leurs dépenses énergétiques liées au logement est de 14,6 %. Ce taux varie nettement d’une région à l’autre (carte 1), principalement avec le climat, auquel s’ajoutent l’effet des écarts de revenus et celui des différences de parcs de logements. Dans trois régions, la vulnérabilité liée au logement dépasse 25 % ; il s’agit de la Franche-Comté (26,0 %), de l’Auvergne (27,0 %) et de la Lorraine (27,4 %). Les trois régions les moins concernées sont la Corse (4,7 %), la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (5,5 %) et l’Île-de-France (6,3 %).
Outre le climat, les caractéristiques du logement influent beaucoup sur la dépense de chauffage. Plus le logement est spacieux, plus la facture nécessaire pour le chauffer est élevée. Toutefois, la vulnérabilité liée au logement étant définie à partir d’un ratio, elle est a priori plus élevée pour les habitations les plus petites, où vivent le plus souvent des ménages modestes, ou au contraire pour les plus spacieuses, pour lesquelles le coût de chauffage est important.
De fait, la proportion de ménages ayant de fortes dépenses énergétiques liées au logement, relativement à leurs revenus, atteint en moyenne 26,8 % lorsqu’ils occupent un logement de moins de 25 m2 et 24,1 % au-dessus de 150 m2 (graphique 1). Pour les surfaces intermédiaires, les parts de ménages vulnérables sont inférieures à 16 %, avec un minimum de 9,4 % pour les surfaces de 40 à 70 m2. Au sein des logements de moins de 25 m2, les ménages vulnérables vivent tous sous le seuil de pauvreté.
Le type de logement, son année de construction et le statut d’occupation influent également sur la vulnérabilité énergétique liée au logement. Les ménages habitant les logements les plus anciens sont les plus exposés. Ainsi, un quart des ménages dont le logement a été construit avant 1949 consacre plus de 8 % de son revenu au chauffage et à l’eau chaude, contre 3,6 % pour les ménages dont le logement a été construit depuis 2004. La vulnérabilité énergétique touche par ailleurs plus souvent les ménages habitant une maison (17,0 %, contre 11,6 % pour les appartements). Enfin, ce sont les ménages habitant des locations meublées qui sont les plus vulnérables sur le plan du logement : un ménage sur trois est concerné. Les taux sont de 18,5 % pour la location vide, de 14,2 % pour la propriété et de seulement 5,9 % pour la location en habitation à loyer modéré. Les locations meublées sont occupées pour un tiers par des inactifs ou des chômeurs.
Les mode de chauffage en France
Le mode de chauffage le plus répandu en France métropolitaine est l’électricité. Pourtant, ce sont les ménages se chauffant au fioul qui sont les plus nombreux à être vulnérables (1,7 million, soit 38,2 % de ces ménages). L’effort consenti par les ménages se chauffant à l’électricité (1,1 million) est moindre, dans la mesure où « seulement » 13,2 % d’entre eux consacrent plus de 8 % de leurs revenus aux dépenses énergétiques pour le logement. Cette différence s’explique essentiellement par le fait que l’électricité équipe majoritairement des logements du parc collectif, moins onéreux à chauffer que des maisons individuelles. Ces dernières sont plus souvent équipées, notamment en milieu rural, d’un chauffage au fioul.
Le mode de chauffage pour lequel la population est le plus souvent vulnérable est toutefois le gaz en bouteille, situation qui est corrélée en outre à la vétusté des logements : 42,4 % des ménages se chauffant ainsi sont vulnérables. À l’opposé, le bois et le gaz de ville sont les modes de chauffage pour lesquels la population est la moins vulnérable, avec des taux respectifs de 2,5 et 7,2 %. Même pour les ménages sous le seuil de pauvreté, les parts de ménages vulnérables pour ces combustibles sont relativement faibles : 10,0 % pour le bois et 27,4 % pour le gaz de ville (contre 68,6 % pour le fioul, 41,6 % pour l’électricité et 75,8 % pour le gaz en bouteille).