L’entretien annuel des chaudières permet d’optimiser les capacités des systèmes de chauffage tout en vérifiant la sécurité de son fonctionnement. Cela répond à la mobilisation en faveur de la réduction des consommations d’énergie et des émissions dans l’atmosphère, comme le veut le Grenelle de l’environnement. L’occasion est ainsi offerte aux professionnels de conseiller l’utilisateur dans l’usage de sa chaudière, et de valoriser les compétences thermiques et énergétiques de toute la filière de la boucle à eau chaude.
Une chaudière fonctionnant au bois, comme par implexe une chaudière à granulés, présente de nombreuses avantages économiques et écologiques. Leur présence accroit depuis de nombreuses années nécessitant de communiquer sur leur méthode d’entretien afin de garantir leur bon fonctionnement et leur durabilité. Cela est encadré par une réglementation étant donné les risques que présentent ce type d’équipement. Avec cet article vous saurez tout sur l’entretien annuel obligatoire d’une chaudière à bois.
La réglementation pour le suivi de l’entretien d’une chaudière bois
La nouvelle réglementation précise les opérations qui doivent être obligatoirement menées lors de tout entretien de chaudière. Une attestation d’entretien dont le contenu est précisé dans l’arrêté doit obligatoirement être remise au commanditaire. L’attestation doit :
- rendre compte des opérations et mesures effectuées ;
- éclairer le client sur la performance de sa chaudière en terme de rendement ;
- informer le client sur les émissions de polluants de son matériel (NOx pour les chaudières gaz et le fioul, COV et poussières pour les chaudières utilisant les combustibles solides) ;
- comparer ces valeurs à celles des meilleures technologies disponibles en 2009 et faire part en la matière des possibilités d’amélioration de son installation.
Extrait de l’arrêté :
- L’attestation d’entretien […] est un document remis au commanditaire de l’entretien au plus tard quinze jours après la visite d’entretien.
- L’attestation doit être rédigée par la personne ayant effectué la visite d’entretien.
- Pour les chaudières situées dans une chaufferie, sous condition d’accord du propriétaire, l’attestation d’entretien peut être jointe au cahier de chaufferie.
- L’original de ce document peut être remis au commanditaire sous forme dématérialisée.
- Le commanditaire doit conserver l’attestation et la tenir à la disposition des agents mentionnés à l’article L.226-2 du code de l’environnement et à l’article L.1312-1 du code de la santé publique pendant une durée minimale de deux ans.
- Une copie de ce document pourra être conservée par la personne ayant effectué l’entretien pendant une période de deux ans.
- La conservation de l’original par le commanditaire et de la copie par l’entreprise ayant effectué l’entretien peut être réalisée sous forme dématérialisée.
- Dans le cas de bâtiment, partie de bâtiment ou local comprenant plusieurs chaudières, une attestation d’entretien doit être fournie pour chacune des chaudières ayant fait l’objet d’un entretien.
L’entretien du corps de chauffe
Opérations à effectuer sur tous les types de chaudières bois :
- Nettoyer le corps de chauffe (foyers et tubes de fumées) et effectuer un décendrage approfondi en retirant les turbulateurs du corps de chauffe et en s’aidant des différentes trappes d’accès.
- Vérifier l’état des joints et les remplacer si nécessaire. > Nettoyer le ventilateur d’extraction et le collecteur des fumées de la chaudière.
Remarque : les chaudières bois et en particulier les chaudières à bûches nécessitent un entretien régulier plus fréquent que pour des chaudières gaz et fioul. Le combustible bois génère des cendres et des suies qu’il faut éliminer pour optimiser les échanges au sein du corps de chauffe. On informera l’utilisateur sur le nettoyage et le décendrage de sa chaudière. Selon l’usage en période de chauffe, une chaudière à bois doit être décendrée tous les 3 à 10 jours et son ventilateur d’extraction (s’il existe) nettoyé mensuellement pour assurer un rendement optimal.
- Vérifier que le ramonage des conduits d’évacuation des fumées a été effectué récemment. Le ramonage doit être effectué par une entreprise en possession d’un titre reconnu de qualification professionnelle.
Remarque : cette opération est à faire deux fois par an dont au moins une fois pendant la période de chauffe (règlement sanitaire départemental type et NF DTU 24.1). Il est vivement recommandé d’étendre ce nettoyage à trois fois ou plus dans l’année selon la fréquence d’utilisation de l’appareil. A titre indicatif : environ 6 stères de bois séparent chaque ramonage.
- Vérifier que le conduit de fumées est correctement raccordé à la buse de la chaudière et éventuellement l’étanchéité de ce même conduit.
Remarque : la vérification de l’étanchéité du conduit dans son intégralité relève plutôt des opérations de ramonage et donc des professionnels de ce métier. La procédure la plus courante pour cette vérification consiste en un essai fumigène (voir la mise en œuvre nécessitant deux opérateurs et décrite dans la NF DTU 24.1).
- Vérifier également le bon fonctionnement du régulateur de tirage (si celui-ci est présent). Son bon fonctionnement est primordial pour les chaudières bois.
Les éléments intégrés de la chaudière bois
Les éléments intégrés ci-dessous sont à vérifier pendant l’entretien :
- Vérifier et entretenir le système d’alimentation automatique (pour les chaudières automatiques uniquement) : il peut s’agir d’une vis, d’une pâle rotative ou d’un aspirateur pour les granulés.
- Vérifier le système de décendrage automatique (si présent).
- Vérifier et régler des organes de régulation. En particulier la régulation par l’aquastat et éventuellement la température d’eau de sortie chaudière par une courbe de chauffe.
- Vérifier le bon fonctionnement du circulateur d’eau (si incorporé dans l’appareil).
- Pour les chaudières avec ballon à accumulation, vérifier les anodes ainsi que les accessoires fournis par le constructeur en suivant les prescriptions de celui-ci (pour les anodes au magnésium : on peut soit vidanger le ballon et vérifier le diamètre de l’anode, soit mesurer un courant en sortie de l’anode si elle est montée avec isolation uniquement – voir documentation et garantie du constructeur).
Remarque : concernant les éléments non intégrés à la chaudière et présents dans le local chaudière, il est aussi recommandé de les vérifier pendant l’entretien.
En ce qui concerne la sécurité, on vérifiera en particulier ces éléments (si incorporés à l’appareil et selon les préconisations du constructeur) : > Thermostat de sécurité d’eau chaude (aquastat limiteur). > Thermostat de sécurité des fumées (détection indirecte de la flamme).
- Pressostat air (à régler selon les spécifications constructeurs, opération de vérification possible : débrancher la prise de mesure de pression).
- Echangeur de sécurité (si présent sur les chaudières à bûches).
- Dispositif d’anti retour de flamme (écluse rotative…).
- Soupape de sécurité (opération de vérification possible : effectuer une chasse rapide pour tester la soupape).
IMPORTANT : on pourra rappeler à l’utilisateur que l’usage d’essence, de diluant, d’acétone, de pétrole, d’alcool, ou de térébenthine est fortement déconseillé pour initier la combustion de sa chaudière. Du petit bois, du papier journal et éventuellement de l’allume barbecue peuvent être utilisés si le constructeur le permet.
Dès lors que des tests de fonctionnement sont effectués sur des éléments de sécurité par démontage de composants, il est primordial de remettre les différents composants dans leur configuration d’origine et en état de marche.
Le réglage de la combustion
Le réglage de la combustion sur les chaudières au bois est une opération délicate car les propriétés du combustible varient selon sa nature (type de bois, forme : bûche, granulé, bois déchiqueté) et son taux d’humidité.
Sur les chaudières à bûches
Mesure obligatoire :
- Température des fumées
Mesures recommandées :
- Test de noircissement (test bacharach)
- Mesure d’O2 ou de CO2 et calcul du rendement de combustion
- Mesure de CO
- Tirage
Comment régler une chaudière à bûches ?
On utilisera si possible un analyseur de combustion intégrant le combustible bois dans ses paramètres.
- Avoir un indice de noircissement inférieur à 2.
- Régler le volet d’admission d’air pour établir un certain excès d’air (voir documentation constructeur). Ce réglage s’effectue au régime nominal par positionnement du volet d’air d’admission (bulbe thermostatique avec chainette ou réglage fixe du volet d’air, voir la documentation constructeur). Il s’effectue sur l’air secondaire et sur l’air primaire.
Marges de réglage de l’excès d’air (valeurs indicatives) :
- sur une chaudière à bûches à tirage naturel cet excès peut être réglé entre 150 et 100%.
- sur une chaudière à bûches à tirage forcé cet excès peut être réglé à des valeurs inférieures à 100%.
- Vérifier que la température des fumées est comprise entre la température minimale de condensation et la température maximale de tenue en paroi du conduit de cheminée (T> 180°C pour les chaudières sans condensation).
- Vérifier que le tirage est suffisant ; entre -10 et -30 Pa pour les chaudières à tirage naturel et aux environs de -10 Pa pour les chaudières à tirage forcé (voir documentation constructeur).
Sur les chaudières automatiques :
Mesures obligatoires :
- Température des fumées
- Mesure d’O2 et de CO2
Mesures recommandées :
- Test de noircissement (test Bacharach)
- Calcul du rendement de combustion
- Mesure du CO
- Tirage
Comment régler une chaudière automatique ?
Les chaudières automatiques possèdent généralement une régulation intégrée à l’automate de la chaudière. Une sonde d’O2 (dite “Lambda”) ou une sonde de température de la flamme du foyer permettent un réglage optimal du mélange air/combustible. Pour obtenir une bonne combustion, la personne effectuant l’entretien devra vérifier et régler les paramètres du régulateur (type de combustible, temps et fréquence d’impulsion de la vis, vitesse du ventilateur en petite et grande allure, positions du volet d’air). Ces paramètres sont souvent fournis par le constructeur.
Pour les chaudières automatiques à granulé ou à bois déchiqueté, l’excès d’air recherché est plus faible que pour une chaudière à bûches. On recherche une valeur comprise entre 40 et 70% (voir documentation constructeur) avec des températures de fumées supérieures à la température limite de condensation (voir documentation constructeur).
Le tableau ci-dessous permet de réaliser la conversion entre O2, CO2 et excès d’air avec une production de CO proche de 0. On se limitera donc à l’utiliser pour les chaudières automatiques si le taux de CO est inférieur ou égale à 500ppm.
Tableau de conversion O2, CO2 et excès d’air du bois (non applicable aux chaudières à bûche, on pourra éventuellement utiliser un diagramme d’Ostwald dans ce cas)
BOIS | ||
% O2 | % CO2 | Excès d’air en % |
4,9 | 15,4 | 30,0 |
6 | 14,3 | 40,0 |
7 | 13,3 | 50,0 |
9 | 11,4 | 75,0 |
10,3 | 10,0 | 100,0 |
12,3 | 8,0 | 150,0 |
Remarque : compte tenu de la production de particules, de suies et d’imbrûlés comme le CO lors de la combustion, l’analyseur de combustion se devra de pouvoir filtrer plus sévèrement les produits de combustion présents dans le conduit que pour les chaudières au fioul ou au gaz. Un appareil spécifique au bois est donc recommandé pour ce type de mesures.
Mesure du CO ambiant :
Obligatoire pour les chaudières non étanches de type B (gaz, fioul et bois)
Mise en œuvre de la mesure (Extrait de l’annexe 1 de l’arrêté publié le 31 octobre 2009)
- Vérifier l’étalonnage de l’appareil dans une pièce annexe.
- Ventiler, si possible, le local puis fermer toutes les portes et fenêtres et éteindre les autres appareils de combustion de la pièce.
- S’assurer qu’aucun fumeur ne se trouve dans la pièce au moment de la mesure
- Mettre la chaudière à puissance nominale de fonctionnement après avoir effectué les réglages de combustion.
- Attendre 3 minutes de fonctionnement.
- Effectuer la mesure en déplaçant la sonde sur la largeur de la face avant de la chaudière à
50 cm de celle-ci pendant au moins 30s et noter la valeur dans l’attestation d’entretien en vérifiant la nature de la situation (voir tableau ci-dessous).
Teneur en CO | Situation | Que faire ? |
% CO ≤ 20ppm | Normale | – |
20ppm < % CO < 50ppm | Anormale | Engager des investigations complémentaires au cours de la visite ou ultérieurement (conduits de cheminée, ventilation du local, réglage du brûleur). |
% CO ≥ 50ppm | Dangereuse | Engager des investigations complémentaires au cours de la visite et faire injonction à l’usager de maintenir la chaudière à l’arrêt tant qu’elle ne fonctionne pas avec une teneur CO acceptable, soit inférieure à 20 ppm. |
Concernant la ventilation des lieux et les risques d’intoxication au CO pour les chaudières à circuit de combustion non étanche (de type B)
Pour assurer une combustion propre et en léger excès d’air, il est nécessaire que les orifices de ventilation de la pièce dans laquelle se trouve la chaudière soient bien dimensionnés et non obstrués. Un local sous alimenté en air présente des risques mortels d’intoxication au CO. Dans le cas d’une chaudière murale gaz de type B11(BS) la ventilation haute est assurée par le coupe- tirage de la chaudière si la hauteur du coupe tirage par rapport au sol est supérieure à 1,80 m.
Dans le cas d’une chaufferie, il est important que la température ambiante ne dépasse pas 30°C lorsque la température extérieure est inférieure à 15°C, pour éviter une sous-oxygénation du brûleur. Cette température est signe également d’un mauvais calorifugeage de l’installation et/ou d’une mauvaise ventilation de la chaufferie.