Le cadre de vie en copropriété
La vie en copropriété ne se résume pas uniquement à des relations conflictuelles avec un syndic ou à une assemblée générale houleuse et inintéressante. Car, heureusement, ces situations ne sont nullement majoritaires, loin de là. En effet, c’est oublier que les hommes et les femmes qui vivent dans ces immeubles y entretiennent un lien social. C’est oublier également que la vie en copropriété peut revêtir pour les habitants des avantages de toutes sortes.
Alors certes, il ne convient nullement de dresser ici un tableau idyllique de la situation : si les nuisances de voisinage sont mal supportées, c’est parce qu’elles sont inhérentes à la vie en collectivité et qu’elles émanent d’une personne sur laquelle nous n’avons aucune prise. Pour autant, indépendamment du lien social, le mode de gestion de la copropriété, avec son organisation, sa répartition des charges, peut constituer pour certains un avantage, ne serait- ce que parce qu’elle permet une gestion collective de l’immeuble.
C’est pour connaître précisément le sentiment des copropriétaires que la CLCV et le Salon de la Copropriété ont réalisé ensemble une enquête sur la vie en copropriété, ses avantages et inconvénients. L’idée était de réhabiliter, le cas échéant, ce mode d’habitation souvent réduit à tort à la fameuse citation de Sartre : « L’enfer, c’est les autres ».
L’enquête a donc interrogé les adhérents de la CLCV ainsi que les visiteurs du Salon de la Copropriété.
Au final, ce sont 1 646 personnes qui ont répondu, qui ont fait part de leur vision de la copropriété, de ses points positifs, mais également de ses travers. Ce sondage ne se veut pas parfaitement représentatif au sens statistique du terme, bien évidemment, mais le nombre de réponses obtenues permet toutefois d’avoir une vision assez globale de la question.
La CLCV et le Salon de la Copropriété ont donc réalisé ensemble une enquête portant sur la vie en copropriété et la façon dont est perçu le statut bien particulier de copropriétaire, avec toutes les conséquences qui en découlent. 1 646 personnes interrogées afin de savoir quels étaient, selon eux, les avantages de la vie en copropriété, mais également les inconvénients.
Les avantages de la vie en copropriété
Les avantages sont multiples et touchent différents domaines. En ce qui concerne les charges, tout d’abord, 79% du panel estiment que la mutualisation et la prévisibilité des coûts constitue un avantage, ceci pour des raisons évidentes de gestion du budget.
Autre point : le fonctionnement même de la copropriété. 81% des sondés apprécient le fait de participer aux prises de décisions (l’organisation de l’assemblée générale notamment). Il s’agit d’un élément fondamental de la vie en copropriété et il est donc très intéressant qu’il y ait une prise de conscience à ce sujet. De même, 76% estiment qu’il est nécessaire de s’impliquer dans la vie de la copropriété, ce qui est une très bonne chose.
En matière de sécurité, les dispositifs de contrôle d’accès à l’immeuble, la proximité des voisins ou la présence d’un gardien sont autant d’éléments constituant de réels avantages pour les copropriétaires, notamment les personnes seules et âgées qui trouvent plus rassurant de vivre en habitat collectif que dans une maison individuelle. Ainsi, la présence d’un gardien ou la présence de digicodes et interphones constituent un avantage pour respectivement 71% et 78% des sondés.
Les inconvénients de la vie en copropriété
Si la vie en copropriété présente indéniablement des avantages, il n’en demeure pas moins que certaines de ses spécificités constituent de réels inconvénients.
Ainsi, 73% des personnes interrogées se plaignent du coût élevé de certaines charges de copropriétés.Des critiques similaires s’élèvent s’agissant d’éléments d’équipement commun peu ou pas utilisés par le copropriétaire en question (ascenseur pour un appartement situé dans un étage peu élevé, chauffage lorsque le logement n’est pas habité l’hiver…). De même, les travaux imprévus, et souvent coûteux, constituent également un inconvénient pour 64% des copropriétaires.
Parmi les éléments les moins supportés se trouvent les impayés de certains copropriétaires. 75% des sondés pointent cette situation, très mal perçue dans la pratique. En effet, les personnes qui s’acquittent de leurs charges ont l’impression de payer également pour leurs voisins débiteurs et qu’ils ne seront remboursés que tardivement, voire jamais.
Des sentiments partagés par rapport au voisinage
Les relations de voisinage sont diversement appréciées. Si, d’un côté, les échanges cordiaux, conviviaux ou l’entraide entre voisins sont autant de points appréciés par plus de 60% des copropriétaires, les troubles de voisinage constituent, pour 79% des personnes interrogées, un inconvénient majeur. Ces résultats pourraient paraître contradictoires mais, en réalité, se complètent. Tous les voisins peuvent ne pas être à l’origine d’une part et, d’autre part, certains copropriétaires ont répondu in abstracto, c’est-à-dire de manière générale sans avoir effectivement à souffrir de troubles de voisinage.
Malgré cela, de nombreux copropriétaires montrent leur attachement aux relations humaines qui découlent de la vie en collectivité.
Un cadre finalement apprécié
Malgré les inconvénients définis comme tels par les personnes interrogées, ces dernières n’en sont pas moins attachées à la vie en copropriété. Ainsi, 66% des copropriétaires apprécient la vie en copropriété et 75% souhaitent continuer à y vivre.
Très clairement, la copropriété n’apparaît donc pas comme un palliatif à la maison individuelle mais comme un mode de vie en collectivité, avec son fonctionnement spécifique, finalement apprécié comme tel.
Certes, cela ne signifie pas que la situation est idyllique ou parfaite : des désagréments et litiges existent et existeront toujours. Par ailleurs, sur certains points, des réformes pourraient être entreprises pour améliorer le fonctionnement des copropriétés ou de certaines d’entre elles. Mais il n’en demeure pas moins que, malgré les critiques et les inconvénients de la vie en copropriété, ses avantages l’emportent aisément et sont appréciés pour cela.
L’appréciation de la vie en copropriété
Chaque immeuble présente ses avantages et ses inconvénients, qu’ils soient objectifs (immeuble moderne et confortable avec des charges maitrisées ou vétuste et mal isolé…) ou subjectifs (relations avec les voisins notamment). La question se posait alors de savoir ce que pendaient réellement, au final, les copropriétaires. Nous leur avons donc posé la question suivante : « De manière générale, appréciez-vous la vie en copropriété ? ». Ici également, quatre types de réponses étaient possibles (Oui – beaucoup, Oui – plutôt, Non – pas vraiment et Non – pas du tout) que nous avons réunies, pour une facilité de lecture en deux catégories (Oui et Non).
Ainsi, 66% des copropriétaires interrogés apprécient la vie en copropriété, soit 2 personnes sur 3. Ce taux varie quelque peu selon l’âge et l’ancienneté des personnes sondées. Les « jeunes » copropriétaires (ceux qui vivent depuis moins de 5 ans dans ce type d’immeuble) sont 62% à répondre par l’affirmative alors que les copropriétaires plus « anciens » (qui ont plus de 20 ans « d’expérience ») sont 69% à faire de même. Il n’y a donc pas de réel choc générationnel et toute personne peut, à tout âge, apprécier ce mode de vie.
Si le tableau est loin d’être idyllique, il n’est pas aussi noir que l’on pouvait le craindre bien au contraire. Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé aux copropriétaires interrogés s’ils souhaitaient continuer à vivre en copropriétaire et ils ont répondu très majoritairement par l’affirmative (75%). L’ancienneté des résidents influe légèrement les résultats, les jeunes (moins de 5 ans de vie en copropriété) répondant par l’affirmative à hauteur de 71%, les anciens (plus de 20 ans) à 81%. Pour ces derniers, et cela se recoupe avec les témoignages qui nous ont été apportés, il est évident qu’avoir un logement sécurisé avec des voisins autour pouvant les assister en cas de besoin est très appréciable passé un certain âge.
De fait, et c’est ce qui est intéressant, il n’y a pas de rejet de principe, loin de là, de la vie en copropriété. Certes, elle peut être imposée (certaines personnes ont indiqué qu’à Paris ou en proche banlieue, il était difficile d’avoir une maison individuelle, rendant la vie en copropriété quasiment inévitable), mais même dans ce cas, elle n’est pas considérée forcément comme subie.
Alors certes, tout n’est pas rose et certains copropriétaires sont très critiques à l’égard de leurs conseillers syndicaux ou de leur syndic. Il existe des problèmes en copropriété, certains que l’on peut résoudre (changer de syndic ou de conseillers syndicaux par exemple), d’autres que l’on ne peut que subir (troubles de voisinage, assemblées générales désertées malgré la sensibilisation du conseil syndical ou du syndic…). En fait, il apparaît que la copropriété est un état de vie collectif bien vécu quand les paramètres environnementaux sont stables et positifs. Dès qu’il y a disfonctionnement, cela génère des réactions plus ou moins fortes, qui vont de la recherche de solution en bonne intelligence au blocage d’une situation.
La copropriété, telle qu’elle existe en France, est une spécificité franco-française, qui a atteint aujourd’hui sa maturité. Elle est appréciée pour les avantages qu’elle procure et les copropriétaires sont conscients qu’elle est faite d’un ensemble de droits et de devoirs (la participation à l’assemblée générale par exemple). Comme toute relation humaine, il est nécessaire de faire des efforts et veiller à entretenir un lien relationnel constant (implication ou suivi de la gestion de son immeuble, échanges entre voisins…). L’avenir de la notion de copropriété résidera peut-être dans sa capacité à intégrer les spécificités des différentes formes de copropriétés qui existent ou se développeront : grandes ou très petites copropriétés, copropriétés anciennes ou récentes, situations financières variables, prochains enjeux environnementaux… Des réformes pourraient, ou devront, être effectuées dans certains cas pour fluidifier ou améliorer le fonctionnement des copropriétés (simplification des règles de majorité, assouplissement de la règlementation pour les petites copropriétés…) et le législateur a ici son rôle à jouer.
Mais en tout état de cause, cette étude montre clairement que les copropriétaires sont attachés à leur logement et ne voient pas forcément la copropriété comme un pis-aller par rapport à la maison individuelle.